SUR LES CASES BLANCHES ET NOIRES
Le Champ clos a croisè soixante-quatre cases.
Aux deux extrémités, les tours posent leurs bases,
ces formidables tours, ces tours qu’un doigt savant,
comme aux sièges romains, fait rouler en avant.
Sur des chevaux sans mors des cavaliers fidèles
lestes et menaçants, se placent auprès d’elles,
quand ils ont fait deux bonds, il brisent leurs élans
et tombent de côté, sur les noirs ou les blancs.
Ces pièces sont ainsi; l’amitié les a jointes
aux fous, sages guerriers qui partout font des pointes.
Pois la Dame se place et garde sa couleur;
nul combattant du jeu ne l’égale en valeur…
Près d’elle le Roi siège… hélas! Il garde un trône
que mine le complot, que l’astuce environne.
Ce monarque toujours menacé de trépas.
Pour tromper l’ennemi ne peut faire qu’un pas…
Huit modestes pions, soldats de même taille,
gardent l’état-major, sur un front de bataille.
Un pas leur est permis, un ou deux, jamais trois
Troupe vile, immolée aux caprices des rois!
Il ne prennent qu’en point, et pourtant il arrive
qu’un d’eux, soldat heureux, aborde l’autre rive.
Alors il se grandit: ce soldat parvenu,
des dépouilles d’un chef, habille son corps nu.
Il se métamorphose en tour, il devient Reine,
il choisit dans les morts étendus sur l’arène.
Un chef de sa couleur, par la force citè.
L’heureux pion le touche: il l’a ressuscité!
Joseph Méry ( 1798 – 1865)
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QUADRATI BIANCHI E NERI
Sessantaquattro caselle sul campo di battaglia.
Ad ogni estremità una torre già si staglia,
Queste torri possenti, che due dita esitanti
come agli antichi assedi san spingere in avanti.
I fedeli cavalli, con mosse leste e snelle,
si piazzan minacciosi proprio vicini a quelle,
dopo due salti essi ricadono di fianco
e ferman la lor corsa sul nero oppur sul bianco.
Son così questi pezzi; d’una amicizia unita
anche agli alfieri, saggi in ogni loro partita.
Poi la Regina si piazza, difende il suo colore;
nessun dei combattenti può eguagliarla in valore!
A lei vicina il Re… ahimé! Il suo grande regno
minacciato è sovente da un astuto disegno.
Il povero monarca, in mezzo allo sconquasso,
per sfuggire al nemico può fare solo un passo.
E gli otto pedoni, soldati dello stesso valore,
fan barriera a difesa dello Stato Maggiore.
Un passo è lor permesso, uno o due, mai tre.
Truppa spesso immolata ai capricci del Re!
Valgon poco ma talvolta, per la sua buona stella,
un d’essi, fortunato, va all’ottava casella.
Allora diventa grande! Soldato di carriera
la spoglia di un Capo vestirà, bianca o nera.
Metamorfosi in Donna oppure in una torre,
sceglie un pezzo importante e quindi lo soccorre.
Un Capo ormai scomparso, di quei che abbiam citato.
Il pedone lo tocca… e l’ha resuscitato!
(traduzione libera Luciano Morganti)
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